Plus j'apprenais, plus je voyais les mêmes schémas en moi et chez les autres: à cause de traumatismes physiques ou psychologiques, d'anomalies anatomiques ou d'habitudes, notre cerveau apprend à éviter certaines parties de notre système nerveux et à en abuser d'autres. C'est ce qui provoque des spasmes dystoniques, de nombreux types de névralgies, des postures non naturelles, de nombreux cas d'articulation temporo-mandibulaire etc.

La récupération de la fonction implique de désapprendre ces schémas dysfonctionnels et d'en apprendre de nouveaux plus fonctionnels. Il y a, cependant, quatre conditions préalables pour que ce processus d'apprentissage soit efficace: (1) les nerfs «oubliés» des muscles hypotoniques doivent être stimulés directement, pas seulement par le mouvement; (2) les émotions et les traumatismes liés au dysfonctionnement du système nerveux doivent être remontés à la surface et traités avec amour et compassion; (3) la neuroplasticité, soit la capacité du cerveau à apprendre et à forger de nouvelles connexions, doit être encouragée de manière proactive; et (4) les habitudes ou les intrants anatomiques (par exemple l'occlusion asymétrique) qui ont amené le cerveau à apprendre un schéma dysfonctionnel doivent être modifiés, sinon les nouveaux schémas fonctionnels ne resteront pas en place.

Chaque programme ou traitement de récupération de la dystonie échoue sur un ou plusieurs de ces points. La thérapie d'équilibrage de l'articulation temporo-mandibulaire (ATM) comme celle que j'ai expérimentée dans la clinique FCST du Dr. Youngjun Lee en Corée aide certainement à équilibrer certains nerfs crâniens, mais ne fait pas grand-chose pour encourager la neuroplasticité ou traiter les corrélats émotionnels de la dystonie. La danse est un excellent moyen d'utiliser de nouveaux mouvements et d'encourager la neuroplasticité, comme l'enseigne le Dr. Joaquin Farias, mais elle ne fait pas grand-chose pour éveiller directement, à travers la stimulation sensorielle, les nerfs que le cerveau évite, et elle ne corrige pas les anomalies anatomiques qui provoquent la dystonie en premier lieu (par exemple, la malocclusion).

C'est pourquoi j'ai décidé de développer ma propre méthode de récupération de la dystonie, combinant ce que j'avais appris avec les connaissances de la neurophysiologie de pointe et les traditions méditatives séculaires de pleine conscience et d'amour bienveillant (lovingkingkindness), et en travaillant avec des professionnels de la santé à l'avant garde selon le besoin. En utilisant cette approche, j'ai réussi à désapprendre systématiquement de plus en plus les schémas qui me causaient de la douleur et m'empêchaient de vivre pleinement la vie, et de les remplacer par de nouveaux schémas fonctionnels qui me permettent de faire ce que je fais maintenant: parler pour des heures et des heures pour aider les autres à réorganiser leur système nerveux, mâcher n'importe quoi - des salades aux noix, et à faire de la randonnée pendant des journées entières. Tout cela aurait été impensable auparavant.

Rien ne m'apporte plus de joie que de partager ce que j'ai appris avec les autres et de voir les résultats immédiats qu'ils sont capables d'obtenir, et je me considère chanceux de pouvoir le faire chaque jour.